Scott of the Antarctic/ Same EP

 

 

 

 

 

 

11.11.2013

 

Ce n’est ni un officier de la Royal Navy, ni un explorateur polaire britannique. Quoique. Scott, c’est un genre d’hommage hilare au Flying circus des Monthy python. Son prénom c’est Jérôme. Ca fait un moment qu’il traine ses guêtres dans les rues de Paris. Copain et guitariste des Captain kid, La Féline, Melody’s Echo Chamber, Reza et d’autres encore, il a voulu y mettre de sa prosodie enjouée, balancer son propre groove et ses poèmes mélancoliques.

 

 

Produit par le tout nouveau label Savoury Snacks Records, son premier EP à l’étiquette pop-folk est comme un retour de voyage évasif d’un froid glacial polaire aux tropiques brésiliens heureux. Une douce escale solitaire. 
On y retrouve subjectivement des inspirations afrobeat à la Kuti, un tropicalisme Gilberto Gil au ministère, en passant par la grâce spirituelle des Fleet foxes – Quiet wild- et des langueurs de farniente d’un Jack Jonhson croisé sur la plage – Chickens.

 

Sur One fuzzy morning, je me passe en boucle la sensualité des échos de voix qui viennent caresser les oreilles avec le « tchi-tchi » des maracas qui rappelle étrangement celui des cigales.
Sur ces arpèges égrainés au nylon, on est clairement sur le transat d’été, adonné aux mains d’une délicieuse vahiné à des kilomètres du traintrain urbain. Scott y aurait sans doute puisé dans les souvenirs des parfums d’enfance d’une région gorgée de soleil.

 

Quiet wild. Le ton mélancolique accompagné des proses finales du violoncelle rappelle un peu l’engourdissement du corps et appelle au repos de l’âme. « C’est comme lorsqu’en plein hiver vous êtes seul dans votre appartement, le chauffage s’allume et vous ressentez un petit frisson. » m’explique Scott.

 

Chanter les pieds dans l’eau, flirter avec l’écume des vagues, Scott en rêverait. Mais pas en Antarctique. Sur une colline, dans une rue, ou même dans sa salle de bain, il le fera. Ce sera brut et varié. Au gré des saisons et des instants de vie, comme lui.

 

Ecoutez!

 

Angus Stone./ Broken brights

 

07.11.2012

Angus Stone, sans la petite sœur Julia, on ne l’aurait jamais cru. Après sept ans de duo infaillible à enchaîner les concerts à guichets fermés et sans compter le million de disques vendus à ce jour, Angus se lance aujourd’hui sur sa propre route musicale avec un tout premier album solo, Broken Brights.

Ce sont 13 titres, poétiques et bien travaillés, qui relèvent une personnalité toujours en émerveillement et en méditation constante sur l’amour, la vie. Ce sont des souvenirs et des émois tirés de son pèlerinage personnel à la recherche du « moi » profond, à travers les inspirations vécus en Suisse ou aux confins des Indes.

Angus est pleins d’imprévus et de rebondissements. A travers des ballades parfois nostalgiques, parfois virulentes, on est à la fois en terrain familier et dans un endroit complètement nouveau. Sans compromettre son identité sonore, il a jonglé avec les influences piochant aussi bien dans la country, le rock alternatif que la folk ou encore l’indie. Les chansons s’équilibrent, avec l’arrivée de nouveaux instruments – tambourin, trompette, mandoline, glockenspiel, percussions, qui viennent envoûter les mélodies, tout comme le jeu de voix est extrêmement varié, avec des paroles parfois susurrées, d’autres qui viennent se claquer au micro.

Mes préférées : Wooden chair, des claps et des sifflements old school, qui rappelle curieusement l’univers flottant des I’m from Barcelona, mais aussi Monsters, un morceau plein de surprises et d’insouciance sur lequel les accords au banjo s’enchaînent à un rythme effréné sur fond de solos de trompette noirs et majestueux, reflétant les sentiments d’espoir et de désespoir que nous éprouvons tous dans les moments les plus difficiles.

D’une guitare acoustique doucement caressée à la guitare électrique rugissante, sur des prouesses vocales fortes et variées, Angus nous dévoile bien de nouvelles facettes, et nous entraîne, au gré de ses chansons de surprises en surprises.

Ecoutez!

Richard Walters./ Regretless

24.10.2012

C’est un nom super-banal, qui sonne comme celui d’une figure contemporaine du cinéma. Richard Walters. Celui la, c’est un enfant d’Oxford qui fait parti de la lignée de tous ces p’tits gars, nature, simple et cœur d’artichaud qui parcourent le monde guitare en main, nez en l’air avec des trémolos dans la gorge.

Moins folky-famous que ses compères Patrick WatsonBon Iverou encore Ben Howard, Richard fait pourtant un sacré boulot, complet, bucolique et discret.
Dans son adolescence, il organise des soirées musico-acoustiques dans les bars de sa ville, et apprend plusieurs instruments. Au chant et à la guitare, il s’éclate avec les Polysoul, Theremin ou encore les Missing Pieces, sort quelques EP solo, se fait acheter un titre (le très beau “All at sea”) pour la soundtrack des Expert à Miami puis signe enfin son premier album chez Kartel, en 2008.

Fraichement débarqué à Paris avec sa compagne et ses valises pleines d’envies, il réunit tous ses grands copains musicos dans une colloc’ trop nice, et des nombreuses jam session ambiance mélancolique-nevrosée en sortira un nouvel opus très calme et intimiste fin septembre 2009 qu’il intitule The Animal.

Puis deux ans plus tard, Walters se réveille. Il a la rage. Il nous pond un autre album, Pacing, très pop/rock, avec une énergie explosive mais de bonne augure qui lui sort d’on ne sait pas trop d’où. Ca marche de mieux en mieux pour notre gentil artiste bigleux au front dégarni. Même s’il se fait discret comme une souris sur la toile, on sait qu’il a rendu les clés de l’appart’ et qu’il s’est mis du vent sous les semelles en parcourant ça et là les chemins de bohème et en y puisant l’inspiration nécessaire pour nourrir ses prochains textes et mélodies romantiques.

Aujourd’hui, avec Regretless, Walters est de retour, même douceur et même fausset languissant, mais plus sûr de lui. Ici, la mélancolie a laissé place à la nostalgie. Walters est heureux, il n’a plus peur de rien. Il ne regrette rien.
Avec des titres qui rappellent ni plus ni moins des ballades en forêt, BlossomRedwoods,Snowdrifts, le « king of sleaves » a enveloppé ses poèmes du silence et de la beauté de ses errances hivernales… A l’inverse de Chris Bathgate, dont la voix se fait discrète, Walters sublime ses paroles. Sa voix inonde toute l’atmosphère en éclatant parfois en cascades multiples de tonalités qui nous emmènent loin, loin, sur des paysages oniriques. Derrière, les violons pleurent avec le sourire, le piano s’affirme gaiement et la batterie amène parfois un groove allègre et dynamique qui rappelle le blues jazzy de Paolo Nutini – Blossom.

Walter a une voix tellement éthéré qu’il en ferait pâlir le cristal. Lorsqu’il chante, seul, juste avec un fond de piano et quelques violons pour adoucir, on dirait qu’il soupire de soulagement. Que ça lui fait du bien de chanter ses peines, ses désillusions, ses souvenirs manqués…

Dans Tomorrow begins, on retrouve cet espèce de gigantesque croisée des mondes de Sufjan Stevens, lorsque tout monte en puissance dans l’explosion instrumentale.
Finalement, l’album est bien dosé. Un début dynamique et mélodieux, presque nerveux mais qui met dans le jus, suivi de ballades de plus en plus calmes, pour finir enfin sur des solos presque trop lentement épurés.

Qu’on ne se le cache pas. Après tout, Walters est un chanteur heartbroken. On ne change pas les gens, ni ce qu’il ont en dedans.

Ecoutez!

Mathieu Boogaerts./

20.10.2012

A 16 ans, c’était avec Matthieu Chedid qu’il chantait sur les bancs de l’école. Depuis, c’est sûr, il en a fait de la route… De ses voyages d’Afrique et d’Europe, sur des comptines et des reggaes apaisés, il en a ramené les odes de la solitude et la nostalgie des amours fugaces.

Dans ce sixième album éponyme, Mathieu Boogaerts se fait l’apôtre des vérités, en se mettant entièrement à nu, dans une ambiance dépouillée et des paroles habiles. Avec presque rien, sa guitare, son piano, et quelques autres instruments joués de façon discrète, il nous parle de ses combats d’amour perdu avec une tendresse touchante et intimiste. Ces murmures qui glissent sur la peau, ça nous parle, forcément.

 

Il nous emmène sur des cieux oniriques, en voyage sur un grand tapis volant, bercés par des rimes et des accords qui ont le parfum de la routine heureuse. Dans ses poésies et ses mélodies toutes douces, on retrouve toujours le même homme. Sa délicatesse, son innocence pacifiste, et cet espèce de je-m’en-foutisme indécollable en arrière fond. Pourtant, il y a comme un regret : l’impression que jamais ça ne décolle, que toujours ça radote. Peut-être sur la toute fin d’album, Ton cauchemar injecte une petite une dose de nerfs, tire le pouls vers le haut, et alors, oui, il y a comme un espoir d’explosion.

Ecoutez!